Effet de la chalarose (Hymenoscyphus fraxineus) sur la croissance radiale du frêne et sur son déterminisme climatique dans le nord de la France

La chalarose du frêne (Hymenoscyphus fraxineus) est apparue dans le nord de la France entre 2010 et 2012. Afin de juger de l’effet du champignon sur la croissance radiale et sur la sensibilité au climat des frênes, 181 arbres adultes (âge et diamètre moyens : 100 ans et 50 cm) issus de 9 peuplements...

Full description

Bibliographic Details
Main Authors: François Lebourgeois, Sophie Lorentz, Guillaume Cousseau, Léo Fenaux
Format: Article
Language:fra
Published: AgroParisTech 2019-06-01
Series:Revue Forestière Française
Online Access:https://revueforestierefrancaise.agroparistech.fr/article/view/5183
Description
Summary:La chalarose du frêne (Hymenoscyphus fraxineus) est apparue dans le nord de la France entre 2010 et 2012. Afin de juger de l’effet du champignon sur la croissance radiale et sur la sensibilité au climat des frênes, 181 arbres adultes (âge et diamètre moyens : 100 ans et 50 cm) issus de 9 peuplements ont été échantillonnés en 2017 selon cinq niveaux de défoliation. Les peuplements sont purs et correspondent à des conditions sylvicole et écologique optimales pour l’essence (sols chimiquement riches et réserve utile en eau élevée autour de 150 mm). Sur la période 1920-2017, la croissance radiale a été d’en moyenne 2,3 } 0,4 mm par an. Pour les arbres peu défoliés en 2017 (= 25 %), la croissance est restée stable entre 2 et 2,5 mm par an après 2010 alors que, pour les autres catégories (> 25 %), elle a chuté d’autant plus que le niveau de défoliation était élevé (autour de 1 mm par an pour les défoliations supérieures à 75 %). Il est également apparu que les arbres défoliés à plus de 25% en 2017 avaient déjà une croissance plus faible depuis la fin des années 1990 et systématiquement plus faible depuis 2003 (différence de 15 à 25 %). Ces périodes ayant été particulièrement sèches dans la région étudiée, on peut émettre l’hypothèse d’une sensibilité plus forte au pathogène des arbres déjà affaiblis par des stress hydriques forts. Les modèles climatiques expliquent entre 50 et 60 % de la variation de la croissance des frênaies sauf pour les arbres les plus défoliés en 2017 (> 75 %) qui sont apparus peu sensibles au climat depuis toujours (taux d’explication des modèles climatiques de 25 %). Ainsi, dans le nord de la France et sur des stations très favorables, une bonne croissance correspond à des automnes pluvieux et des hivers doux bien arrosés suivis par un mois de mai chaud et pluvieux (facteur central pour la croissance). Depuis l’arrivée de la chalarose, les arbres les plus défoliés (> 25 %) répondent néanmoins de moins au moins au climat sauf aux conditions de fin d’été (pluies du mois d’août) ; période qui n’apparaissait pas déterminante sur le plus long terme. Des modifications du fonctionnement physiologique des arbres sont évoquées pour expliquer ces comportements. Finalement, notre étude a montré que les frênes étaient très réactifs au climat et que la chalarose a affecté préférentiellement les arbres déjà affaiblis par une succession de crises climatiques passées (sécheresses). Même si les frênes adultes semblent pouvoir tolérer un certain niveau de défoliation sans compromettre leur croissance, l’augmentation de la variabilité du climat et la récurrence des sécheresses pourraient déstabiliser les frênaies rendant leur gestion future encore plus complexe.
ISSN:0035-2829
1951-6827