Summary: | La réception des sources mythologiques dans la General estoria se distingue de ce qu'elle est dans les lettres médiévales européennes. Deux lectures antérieures à l'atelier alphonsin qui interprètent la mythologie permettent son incorporation à des fins historiographiques : l'évhémérisme, qui explique les dieux païens comme des rois, et l'allégorie, qui élimine les traits surnaturels du mythe. Les deux approches sont l'origine et l'explication de l'usage historiographique d'Ovide par les auteurs de la General estoria, de sorte que les Métamorphoses sont conçues comme la Bible des gentils et la source fondamentale des récits sur les rois non bibliques. Néanmoins, l'utilisation in extenso de cette œuvre, de même que celle d'autres œuvres ovidiennes, ne s'explique pas exclusivement par la conception médiévale de l'interprétation des mythes : l'atelier historiographique conçoit les gentils comme les prédécesseurs des chrétiens, ce qui renforce l'utilisation d'Ovide parmi les auctores fondamentaux pour le récit historique. Dans ce travail, nous proposons une synthèse des idées sous-jacentes à cette conception alphonsine des faits des gentils et de l'utilisation large de la mythologie dans la construction de l'estoria qui en résulte. Cette synthèse permet de mettre en évidence l'originalité et le caractère innovant de la compilation alphonsine dans le contexte européen de l'atelier.
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