Hans Kelsen et la théorie de l’État chez Dante

Dans le cadre des recherches menées sur les rapports entre le droit et la littérature, l’intérêt que la science du droit public a manifesté pour la culture et la tradition littéraires a été en partie négligé. Cet article se propose d’examiner le premier écrit du juriste autrichien Hans Kelsen, publi...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Maurizio Cau
Format: Article
Language:fra
Published: École Normale Supérieure de Lyon Editions 2005-01-01
Series:Laboratoire Italien
Online Access:http://journals.openedition.org/laboratoireitalien/431
Description
Summary:Dans le cadre des recherches menées sur les rapports entre le droit et la littérature, l’intérêt que la science du droit public a manifesté pour la culture et la tradition littéraires a été en partie négligé. Cet article se propose d’examiner le premier écrit du juriste autrichien Hans Kelsen, publié en 1905 et consacré à la théorie de l’État chez Dante. Ce travail, en grande partie négligé par la critique kelsenienne et considéré comme une simple œuvre de jeunesse sans signification particulière, contient des éléments du plus grand intérêt pour la compréhension des processus de formation de la théorie de Kelsen, dans la mesure où on y trouve déjà des développements et des tendances méthodologiques qui ne trouveront leur pleine mesure que dans les œuvres de la maturité du juriste autrichien. Derrière la tentative pour « exposer de manière systématique et d’un point de vue juridique […] la théorie générale de l’État du poète », on peut reconnaître un effort pour retrouver les sources d’une théorie juridique qui, bien que n’en étant qu’à ses débuts, commence à se profiler avec une certaine clarté. La lecture de Kelsen se caractérise par la reconstruction de l’idée d’État chez Dante à l’aide d’une conception entièrement moderne des théories de l’État. Elle manifeste, en attribuant plus particulièrement les caractères de « l’État de droit » à l’État universel de Dante, une projection d’éléments typiquement modernes sur la tradition du droit public médiéval, ainsi qu’une utilisation simplement fonctionnelle de la réflexion historico-juridique elle-même. Ainsi, du rigorisme logico-formel comme méthode privilégiée de la Staatslehre, en passant par la tentative pour édifier une communauté universelle comprise comme personnification de l’organisation juridique mondiale, on peut reconnaître une première énonciation timide de certaines des constructions théoriques et méthodologiques qui marqueront la réflexion du juriste autrichien.
ISSN:1627-9204
2117-4970