Summary: | Après avoir rappelé les grandes lignes de la théorie des industries culturelles, l’auteur relie le “nouveau modèle” de l’économie créative aux diverses tentatives pour nommer et interpréter les changements qui affectent les sociétés industrialisées depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, de la société post-industrielle de Daniel Bell et d’Alain Touraine à la société de la connaissance de l’UNESCO. Il procède ensuite à l’examen critique des définitions et des évaluations des industries créatives. Il explique comment ces dernières reposent sur un usage et une interprétation de données statistiques fort contestables. Il discute les résultats surprenants, voire aberrants, auxquels en arrivent les auteurs du rapport de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) dans leur tentative de mesurer la taille de l’économie créative sur l’ensemble de la planète. Enfin, il tente d’interpr��ter les motifs sous-jacents à la promotion de cette nouvelle version de l’idéologie de la société de l’information. Si les données disponibles montrent que l’art et la culture ne comptent que pour une valeur relativement faible des industries créatives, ils sont au cœur de l’opération idéologique. L’évocation de la créativité permet de jeter des ponts en direction des activités culturelles, dont l’intégration donne du lustre et de la légitimité à l’ensemble. Surtout, l’arrimage aux industries culturelles permet de se réclamer des mêmes spécificités économiques que l’analyse a permis de dégager au cours des quatre dernières décennies et de revendiquer la même protection, les mêmes interventions que les pouvoirs publics ont déployées au fil des ans dans les secteurs artistiques et culturels.
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