Summary: | Malgré une adhésion théorique aux préceptes de l’esthétique classique, l’incomplétude sous-tend de façon importante la littérature romanesque du XVIIIe siècle. La production d’Isabelle de Charrière s’avère en cela originale car l'absence de la fin assume une valeur critique pleinement revendiquée. Caractérisés par une contiguïté remarquable de thèmes, de sujets et de formes, les premiers ouvrages de l’auteure présentent une réflexion sur la position féminine de l’époque que la pratique de l’(in)achèvement et une conclusion « ouverte » contribuent à véhiculer dans la mesure où elles questionnent le schéma du roman sentimental ainsi que l’idéologie qui le sous-tend. En faisant appel à la participation critique du lecteur, l’imperfection (dans son acception latine de perfectus, accompli, achevé) de la narration et de l’écriture de Charrière acquiert une valeur critique et métalittéraire.
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