Conceptualiser l’addiction : entre l’écueil du mythe et celui de la maladie comme les autres

La mise en évidence du statut de construction socioculturelle de l’addiction, le fait que l’on pourrait devenir addict à tout et la critique de la notion de perte de contrôle parlent, entre autres, en faveur d’un scepticisme vis-à-vis de l’addiction, auquel appartiennent ceux qui pensent que l’addic...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Mélanie Trouessin
Format: Article
Language:Spanish
Published: Osservatorio Processi Comunicativi 2016-04-01
Series:M@GM@
Subjects:
Online Access:http://www.magma.analisiqualitativa.com/1401/article_03.htm
_version_ 1797230996670644224
author Mélanie Trouessin
author_facet Mélanie Trouessin
author_sort Mélanie Trouessin
collection DOAJ
description La mise en évidence du statut de construction socioculturelle de l’addiction, le fait que l’on pourrait devenir addict à tout et la critique de la notion de perte de contrôle parlent, entre autres, en faveur d’un scepticisme vis-à-vis de l’addiction, auquel appartiennent ceux qui pensent que l’addiction consiste dans un choix pleinement assumé de l’individu, au sein d’un mode de vie. Une telle conception, empreinte ou non de moralisme, impute cependant une responsabilité à l’individu addict, un stigmate social ou moral très fort, synonyme d’un moins bon accès au soin. C’est pour contrecarrer cette stigmatisation que s’est instaurée une reconfiguration de l’addiction autour de la notion de maladie : si celle-ci n’est pas neuve, elle va depuis peu de pair avec l’ambition que les maladies mentales, a fortiori l’addiction, ne soient plus considérées comme des « maladies à part » mais « comme les autres » au même titre que le diabète, l’asthme ou le cancer. Dans cette optique, les neurosciences revêtent une importance particulière puisqu’elles offrent à la psychiatrie la possibilité de s’objectiver en identifiant les substrats organiques – neurobiologiques – des troubles mentaux. Mais la question se pose de savoir si une maladie a besoin d’être organique pour être dite réelle. Il nous semble que certains chercheurs, dans leur lutte contre le mythe de l’addiction, risquent de tomber dans l’écueil inverse de la normalisation des maladies mentales. En outre, même si nous n’adhérons pas à la conception sceptique de l’addiction, il y a cependant certains éléments – mis en évidence par les partisans de l’addiction comme mythe – que nous pensons devoir être pris en compte dans une enquête sur la nature de l’addiction.
first_indexed 2024-04-24T15:37:22Z
format Article
id doaj.art-6bf012fcdfb448de8e307deaf10591d4
institution Directory Open Access Journal
issn 1721-9809
language Spanish
last_indexed 2024-04-24T15:37:22Z
publishDate 2016-04-01
publisher Osservatorio Processi Comunicativi
record_format Article
series M@GM@
spelling doaj.art-6bf012fcdfb448de8e307deaf10591d42024-04-02T01:20:07ZspaOsservatorio Processi ComunicativiM@GM@1721-98092016-04-011401Conceptualiser l’addiction : entre l’écueil du mythe et celui de la maladie comme les autresMélanie TrouessinLa mise en évidence du statut de construction socioculturelle de l’addiction, le fait que l’on pourrait devenir addict à tout et la critique de la notion de perte de contrôle parlent, entre autres, en faveur d’un scepticisme vis-à-vis de l’addiction, auquel appartiennent ceux qui pensent que l’addiction consiste dans un choix pleinement assumé de l’individu, au sein d’un mode de vie. Une telle conception, empreinte ou non de moralisme, impute cependant une responsabilité à l’individu addict, un stigmate social ou moral très fort, synonyme d’un moins bon accès au soin. C’est pour contrecarrer cette stigmatisation que s’est instaurée une reconfiguration de l’addiction autour de la notion de maladie : si celle-ci n’est pas neuve, elle va depuis peu de pair avec l’ambition que les maladies mentales, a fortiori l’addiction, ne soient plus considérées comme des « maladies à part » mais « comme les autres » au même titre que le diabète, l’asthme ou le cancer. Dans cette optique, les neurosciences revêtent une importance particulière puisqu’elles offrent à la psychiatrie la possibilité de s’objectiver en identifiant les substrats organiques – neurobiologiques – des troubles mentaux. Mais la question se pose de savoir si une maladie a besoin d’être organique pour être dite réelle. Il nous semble que certains chercheurs, dans leur lutte contre le mythe de l’addiction, risquent de tomber dans l’écueil inverse de la normalisation des maladies mentales. En outre, même si nous n’adhérons pas à la conception sceptique de l’addiction, il y a cependant certains éléments – mis en évidence par les partisans de l’addiction comme mythe – que nous pensons devoir être pris en compte dans une enquête sur la nature de l’addiction.http://www.magma.analisiqualitativa.com/1401/article_03.htmaddictionmaladiescepticismeactionstyle de vie
spellingShingle Mélanie Trouessin
Conceptualiser l’addiction : entre l’écueil du mythe et celui de la maladie comme les autres
M@GM@
addiction
maladie
scepticisme
action
style de vie
title Conceptualiser l’addiction : entre l’écueil du mythe et celui de la maladie comme les autres
title_full Conceptualiser l’addiction : entre l’écueil du mythe et celui de la maladie comme les autres
title_fullStr Conceptualiser l’addiction : entre l’écueil du mythe et celui de la maladie comme les autres
title_full_unstemmed Conceptualiser l’addiction : entre l’écueil du mythe et celui de la maladie comme les autres
title_short Conceptualiser l’addiction : entre l’écueil du mythe et celui de la maladie comme les autres
title_sort conceptualiser l addiction entre l ecueil du mythe et celui de la maladie comme les autres
topic addiction
maladie
scepticisme
action
style de vie
url http://www.magma.analisiqualitativa.com/1401/article_03.htm
work_keys_str_mv AT melanietrouessin conceptualiserladdictionentrelecueildumytheetceluidelamaladiecommelesautres