Gratuité et entreprenariat Hip Hop au Sénégal : l’exemple du Festa 2H

À l’aune des 30 ans d’existence de la pratique du rap au Sénégal, ce qui était d’abord une passion aux yeux de jeunes, attirés par une nouveauté venue d’ailleurs, s’est transformé en moyen d’insertion économique et sociale à mesure que les premiers rappeurs sont devenus pères et chefs de famille. Ce...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Cécile Navarro
Format: Article
Language:English
Published: Éditions de l'EHESS 2018-09-01
Series:Transposition
Subjects:
Online Access:http://journals.openedition.org/transposition/1844
Description
Summary:À l’aune des 30 ans d’existence de la pratique du rap au Sénégal, ce qui était d’abord une passion aux yeux de jeunes, attirés par une nouveauté venue d’ailleurs, s’est transformé en moyen d’insertion économique et sociale à mesure que les premiers rappeurs sont devenus pères et chefs de famille. Cet article envisage à travers une étude de cas les stratégies d’acteurs du rap au Sénégal pour pouvoir vivre de leur musique. Comme décrit dans la thèse de Jenny Fatou Mbaye, ces acteurs sont des « entrepreneurs Hip Hop », à savoir des acteurs qui ont pour caractéristique la volonté de changer leur champ de pratique en s’inscrivant dans les normes locales de l’entreprenariat culturel tout en s’inspirant des normes de l’économie Hip Hop. L’article discute la façon dont la transformation de ces normes s’articule autour du concept de gratuité sur la base d’entretiens et d’un terrain ethnographique mené auprès d’acteurs impliqués dans la production et la diffusion de la musique rap à Dakar en 2014 et 2015. L’article développe une étude de cas pour illustrer ses processus : le festival de Hip Hop Festa 2H. Ce festival se présente comme « le premier festival de Hip Hop et de cultures urbaines en Afrique de l’Ouest ». Il fête en 2018 sa 13e édition, remarquable stabilité dans un contexte où de nombreux festivals ont échoué à passer le cap de la première édition, faute de ressources propres et de soutiens étatiques et privés. Depuis 2015, le festival rompt avec deux principes qui guidaient sa direction : la gratuité et l’itinérance. L’article ancre ses transformations dans des processus plus larges impactant l’économie musicale du rap sénégalais qui relèvent d’enjeux liés à la promotion de la culture nationale par les États africains et du rôle des agences internationales de coopération.
ISSN:2110-6134