Summary: | L’endettement massif des étudiants dans les pays anglo-saxons apparaît comme l’un des effets les plus marquants de l’irruption d’une rationalité néolibérale dans le monde de l’enseignement supérieur. Cet article vise à montrer comment le besoin d’emprunter pour étudier reformule, dans une logique de spéculation financière, les espoirs d’avancement socio-économique traditionnellement associés à l’obtention d’un diplôme universitaire. Il expose d’abord la rationalité politique ayant poussé à individualiser les bénéfices, et, partant, le financement des études supérieures, avant de décrire la logique de l’« endettement spéculatif » qui préside à l’usage du crédit dans l’habitus économique des classes moyennes, lequel est censé offrir un « effet de levier » nécessaire à l’accumulation d’un patrimoine. Considérant la dette comme une forme d’assujettissement disciplinaire, il se conclut par une critique de l’exploitation sous le régime du capitalisme financiarisé, où le développement de l’« employabilité » devient lui-même une source de valorisation pour le capital.
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