Une esthétique post-média

(1) La crise du médium qui a touché le monde de l’art s’explique par l’efflorescence de pratiques artistiques et par l’irruption des médias dans la sphère de l’art (photographie et cinéma, puis télévision et vidéo). La logique et les techniques de la culture de masse venaient faire effraction dans l...

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Main Author: Lev Manovich
Format: Article
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Published: MSH Paris Nord
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Subjects:
Online Access:https://journals.openedition.org/appareil/2394
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description (1) La crise du médium qui a touché le monde de l’art s’explique par l’efflorescence de pratiques artistiques et par l’irruption des médias dans la sphère de l’art (photographie et cinéma, puis télévision et vidéo). La logique et les techniques de la culture de masse venaient faire effraction dans la logique plus aristocratique de l’art traditionnel. (2) Une autre déferlante devait venir porter l’estocade : les technologies numériques qui révolutionnaient les conditions de production et de réception des biens culturels. L’idée d’une œuvre multimédia, déclinable sur divers supports, usant d’outils d’édition ou de remixage s’imposait. (3) Une esthétique post-média peut donc s’ébaucher, fondée sur de nouvelles catégories, importées des technologies numériques (mais prises au sens large) : l’organisation de données, l’expérience-utilisateur, le design d’informations, le logiciel, l’utilisateur… (4) Cet utilisateur doit s’appréhender d’abord en fonction de son comportement informationnel : i. e. ses tactiques informationnelles du quotidien consistant à organiser, filtrer et interagir avec de l’information (bien au-delà de la seule sphère d’Internet). Notre comportement informationnel a changé, et il nous prédispose à une nouvelle forme de réception esthétique. (5) Depuis cinquante ans, un glissement s’est opéré dans le champ de la critique : l’intérêt est passé de l’auteur vers le lecteur idéal, pour finir sur le lecteur effectif. Pour comprendre ce dernier, à l’ère du post-Internet, il faut prendre en compte un nouvel élément : le logiciel. En intégrant le logiciel au modèle théorique de {l’émetteur, message, récepteur via un canal et un code}, on peut mettre en avant son poids majeur dans les opérations de création et de réception.Ces bases d’une esthétique post-média sont plus en phase avec nos vies et nos technologies actuelles, mais bien sûr elles présentent un biais : elles sont incapables de rendre compte de la dimension affective de la réception esthétique.
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