Summary: | Le présent article a pour but de décrire les emplois exceptionnels des réponses minimales oui/si/non dans les textes écrits et de mettre en évidence les conditions favorisant leurs occurrences. Les usages que nous examinons sont les suivants.
1) oui au lieu de si : e. g. « N’est-ce pas vous, monsieur, qui vous nommez un tel ? – Oui, je me nomme un tel. »
2) oui au lieu de non : e. g. « Ça n’a aucune importance. – Oui, dit Boris après avoir rêvé longtemps, ça n’a aucune importance. »
3) non au lieu de si : e. g. « On ne le voit plus beaucoup, Paul. – Mais non ! Je l’ai vu ce matin. »
Comme outils de l’analyse, nous adoptons les notions d’orientation et de deux dimensions d’une proposition-énoncé. Cette dernière est empruntée à la linguistique textuelle d’Adam (2011). Celui-ci distingue la dimension [A] d’une proposition-énoncé où ui/si/nono servent à affirmer ou nier la vérité d’une proposition et la dimension [B] où ces morphèmes servent à confirmer ou infirmer un énoncé. Nos observations des données attestées et nos tests avec des exemples fabriqués permettent de décrire les caractéristiques essentielles de oui/si/non comme suit :
• oui est aussi confirmatif qu’affirmatif ;
• si est plus infirmatif qu’affirmatif ;
• non est négatif et peut être confirmatif et infirmatif.
Étant donné ces caractéristiques, les conditions favorisant des emplois exceptionnels sont les suivants.
• « Oui au lieu de si » est possible lorsqu’en tant que réaction à une négative, on veut être plus confirmatif qu’infirmatif. L’orientation vers la réaction affirmative dans l’interro-négative favorise des occurrences de oui au lieu de si. Le contexte défavorisant une réaction de désaccord permet ses occurrences.
• « Oui au lieu de non » est possible lorsqu’en tant que réaction à une négative, on veut être confirmatif.
• « Non au lieu de si » est possible lorsqu’en tant que réaction à une négative, on veut être infirmatif.
Le système français des réponses minimales est hybride : il relève fondamentalement des systèmes affirmatif/négatif mettant l’accent sur la dimension [A] sauf que la présence de si complique l’organisation en introduisant une certaine dose des systèmes confirmatif/infirmatif, qui dépendent de la dimension [B]. La présente étude montre le rôle non négligeable joué par ces derniers systèmes au sein de la langue française.
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