Quand l’idée fixe se met « à table »

Un livre de cuisine, comme A table de Claudian, édité en 1963, peut relever de la prose d’idées dans la mesure où son projet est sous-tendu par une idéologie très précise, qui seule lui donne sa cohérence. Si l’ethnocentrisme consiste à ne pas reconnaître à l’autre une culture, par exemple, ce livre...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Cécile de Bary
Format: Article
Language:fra
Published: Laboratoire Interdisciplinaire Récits Cultures Et Sociétés
Series:Cahiers de Narratologie
Subjects:
Online Access:https://journals.openedition.org/narratologie/572
Description
Summary:Un livre de cuisine, comme A table de Claudian, édité en 1963, peut relever de la prose d’idées dans la mesure où son projet est sous-tendu par une idéologie très précise, qui seule lui donne sa cohérence. Si l’ethnocentrisme consiste à ne pas reconnaître à l’autre une culture, par exemple, ce livre apparaît comme ethnocentrique, puisqu’il a pour projet de départager les peuples qui savent et ceux qui ne savent pas. Il est encore réactionnaire, voué au rétablissement des savoir-faire des terroirs, contre les corruptions parisiennes en particulier. Dès lors, la présentation d’un plat est toujours susceptible de s’étendre ou de se faire discours, sous la poussée d’un lyrisme acrimonieux. Pour autant, il ne s’agit pas d’un faux livre de cuisine, d’un traité ou d’une « physiologie ». La recette est l’aboutissement logique de l’idée fixe. Elle est le lieu d’une bataille que l’argumentation sert, qu’elle met en scène et qu’elle prépare.
ISSN:0993-8516
1765-307X