La Antoniana Margarita (1554) de Gómez Pereira et la crise de l’aristotélisme scolastique

Le médecin-philosophe (« physiologiste éclairé », Alain Guy) qu’a été Gómez Pereira s’est révolté contre l’autorité indiscutée d’Aristote et de Galien. Il a ouvert une voie nouvelle dans la philosophie espagnole et la philosophie moderne tout court, établissant de nouveaux principes opposés à la mat...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Christian Andrès
Format: Article
Language:English
Published: OpenEdition 2015-12-01
Series:Recherches
Subjects:
Online Access:http://journals.openedition.org/cher/3970
Description
Summary:Le médecin-philosophe (« physiologiste éclairé », Alain Guy) qu’a été Gómez Pereira s’est révolté contre l’autorité indiscutée d’Aristote et de Galien. Il a ouvert une voie nouvelle dans la philosophie espagnole et la philosophie moderne tout court, établissant de nouveaux principes opposés à la matière et aux formes substantielles telles qu’on les enseignait alors, s’appuyant sur l’observation et la raison. Bien avant Descartes, quelque 70 ans auparavant, et s’il ne parle pas d’« automates » pour les animaux, Gómez Pereira leur refuse la conscience, la sensibilité (Bruta sensu carere), l’âme rationnelle, l’immortalité, s’il admet le mouvement par réaction de sympathie ou d’antipathie, une âme divisible et périssable, et éventuellement une certaine capacité d’apprentissage. Il refuse aussi l’existence du sens commun, la réalité des universaux, et estime – sans pouvoir l’écrire explicitement à cause de la censure et de l’Inquisition – que l’immortalité de l’âme ne peut être démontrée rationnellement. « Réformateur scientifique du xvie siècle » (Menéndez Pelayo), empiriste invétéré, il est encore l’auteur d’un syllogisme précédant curieusement le fameux enthymème cartésien – cogito ergo sum – si Descartes n’a jamais admis l’avoir lu.
ISSN:1968-035X
2803-5992