Lire pour retrouver les fictions futures

La lecture semble être une activité solitaire. Chaque livre fait découvrir au lecteur un nouveau monde à explorer. Mais, le voyage ne se fait pas seul. Lorsqu'on ouvre un livre, celui-ci s'ajoute à une liste qui en contient déjà d'autres et qui accueillera les suivants. S'il est...

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Bibliographic Details
Main Author: Marie Gallimardet
Format: Article
Language:Spanish
Published: Osservatorio Processi Comunicativi 2019-12-01
Series:M@GM@
Subjects:
Online Access:http://www.analisiqualitativa.com/magma/1703/article_06.htm
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collection DOAJ
description La lecture semble être une activité solitaire. Chaque livre fait découvrir au lecteur un nouveau monde à explorer. Mais, le voyage ne se fait pas seul. Lorsqu'on ouvre un livre, celui-ci s'ajoute à une liste qui en contient déjà d'autres et qui accueillera les suivants. S'il est nécessaire de lire dans le silence, c'est pour entendre les autres voix, celles des autres mondes, des autres auteurs. Dans le monde de la fiction, comme dans celui de l'art, les œuvres sont présentées de manière chronologique, un mouvement en précédant un autre, un auteur s'inspirant d'un autre auteur. Mais la liste que le lecteur emmène avec lui dans son voyage redistribue toutes les cartes. Il peut exister des va-et-vient entre les années, des auteurs peuvent se côtoyer sans avoir vécu à la même époque. Le lecteur crée ainsi des connexions entre des œuvres qui se trouvent à deux endroits différents et éloignés dans le temps littéraire. En 1890, Oscar Wilde rédige Le Portrait de Dorian Gray. Soixante-six ans plus tard, Philip K. Dick publie sa nouvelle Rapport Minoritaire. Ces deux œuvres se ressemblent, le roman de Wilde semble littéralement commenter la société dépeinte par Dick, il la contient. L'Invention de Morel d'Adolfo Bioy Casares écrit en 1940 et le roman Shutter Island de Dennis Lehane écrit en 2003, partagent également un lien. Le naufragé de Casares rêve la fiction de Lehane, il décrit le scénario de base de Shutter Island. Ces fictions sont liées entre elles, des passages permettent de visiter les mondes possibles qu'elles offrent. C'est à l'aide de ces deux duos de roman, que nous proposons de réfléchir sur les rôles respectifs de l'auteur et du lecteur dans ces voyages littéraires amenant à l'idée qu'une œuvre du passé peut rêver une œuvre du futur. Dans son essai, Le Plagiat par anticipation, Pierre Bayard envisage que « tout se passe (…) comme si les auteurs – ou les groupes d'auteurs – séparés par la barrière illusoire du temps, avaient trouvé le moyen de travailler ensemble. ». Dans un premier temps, c'est à travers ce constat que nous essaierons de démontrer si des connexions à rebours du temps peuvent exister. Pour cela, nous réfléchirons au rôle que l'auteur joue dans la création de métalepses narratives permettant qu'une œuvre en contienne une autre. Nous explorerons également la potentialité que le monde littéraire acquiert une certaine autonomie en redéfinissant la place de l'auteur. Dans un second temps, nous étudierons le rôle du lecteur dans l'apparition des connexions. Celui qui lit étant le voyageur qui découvre les mondes littéraires, il est l'élément qui permet aux œuvres de se révéler les unes aux autres. Sa subjectivité semble être la condition nécessaire à l'appréhension d'une fiction littéraire. Michel Schneider dans son essai Voleur de mots, affirme qu'un auteur écrit ce qu'il a déjà lu. On peut donc envisager qu'un lecteur lit un livre par le biais des souvenirs qu'il a conservés des autres, créant inévitablement des liens atemporels et révélant ainsi ce que l'auteur n'avait peut-être pas vu.
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