Flâneur, sensibilité esthétique et culture de consommation

Depuis que Walter Benjamin en a fait l’un des concepts pivots de ses études sur Charles Baudelaire et sur Paris, le flâneur est devenu un terme clé du discours sur la modernité. Mais il en a du même coup hérité des contradictions idéologiques. De fait, l’usage du concept s’est retrouvé clivé entre...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Matthieu Letourneux
Format: Article
Language:English
Published: Università di Napoli Federico II 2021-12-01
Series:Fuori Luogo
Subjects:
Online Access:http://www.serena.unina.it/index.php/fuoriluogo/article/view/8259
Description
Summary:Depuis que Walter Benjamin en a fait l’un des concepts pivots de ses études sur Charles Baudelaire et sur Paris, le flâneur est devenu un terme clé du discours sur la modernité. Mais il en a du même coup hérité des contradictions idéologiques. De fait, l’usage du concept s’est retrouvé clivé entre ses emplois courants et ceux qui se sont imposés dans les discours critiques de la modernité. Il est, suivant les cas, figure de récepteur ou d’auteur, expression d’une nouvelle sensibilité consumériste ou critique du fonctionnalisme marchand, symptôme de l’esthétisation de l’espace médiatique et commercial ou art de la résistance contre ce dernier. Dans cet article, nous chercherons à montrer que l’opposition entre les deux usages du terme, loin d’en affaiblir la portée, est symptomatique des tensions dialogiques qui traversent la modernité. À rebours des pratiques des sciences humaines, qui valorisent un flâneur auctor produisant un discours critique, nous voudrions ici mettre en évidence l’importance du second terme, correspondant davantage aux usages courants du mot, lesquels désignent un flâneur oisif, improductif et superficiel, spectateur plus qu’auteur, dont nous verrons qu’il est, plus encore que le flâneur baudelairien, l’expression de nouvelles sensibilités esthétiques de la modernité.
ISSN:2532-750X
2723-9608