T. C. Elimane dans l’œil d’une représentation occidentale dommageable : étude de La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr
Résumé: La plus secrète mémoire des hommes, roman de Mohamed Mbougar Sar s’inscrit en faux contre ce délit de faciès dont était victime E.C. Elimane, un jeune écrivain sénégalais fraichement installé à Paris. Son roman Le Labyrinthe de l’inhumain a sitôt déclenché un coup de poussière dans la presse...
Main Author: | |
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Format: | Article |
Language: | deu |
Published: |
CRAC, INSAAC
2023-03-01
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Series: | Akofena |
Online Access: | https://www.revue-akofena.com/wp-content/uploads/2023/02/28-T07v03-12-Sami-BOUMALIT_335-348.pdf |
Summary: | Résumé: La plus secrète mémoire des hommes, roman de Mohamed Mbougar Sar s’inscrit en faux contre ce délit de faciès dont était victime E.C. Elimane, un jeune écrivain sénégalais fraichement installé à Paris. Son roman Le Labyrinthe de l’inhumain a sitôt déclenché un coup de poussière dans la presse et au sein du cénacle littéraire parisien. Entre des détracteurs impitoyables et des encenseurs mielleux, Elimane subit des semaines durant un écartèlement des plus douloureux. Bien qu’il soit pressenti pour le Goncourt de littérature et affublé incontestablement, au regard de son talent du titre de « Rimbaud nègre », l’auteur est vite discrédité par bien de spécialistes très en vue en France. Nous nous demandons à bon droit ce qui pourrait justifier une telle exclusion. Nous supposons dans le cadre de cette étude que l’acte délictueux dont était la cible T.C. Elimane s’inscrit dans une vieille représentation-souche (les races monstrueuses) qui aurait donné naissance, au fil des âges, à un continuum d’images négatives de l’Autre. Ces dernières ont servi longtemps de prétexte à l’exploitation et à l’exsanguination des peuples colonisés. Pour éclairer ces zones d’ombre des phénomènes liés aux préjugés, aux stéréotypes et à la disqualification raciste, nous recourons dans le cadre de ce travail aux théories psychologiques, à même selon notre propos d’apporter des éléments de réponse à nos questionnements. Aussi, la mise en abyme nous y servira de tremplin pour révéler les clefs d’une analogie édifiante. Bien que son talent soit loué par bien des critiques de renom, Elimane demeure du haut de la représentation européenne « un phénomène médiatique », « un nègre d’exception », « un champ de bataille idéologique », « un noir savant », « une bête de foire » qu’on aurait exposé dans un zoo. Tant de préjugés qui tuent précocement dans l’œuf le rêve chéri de l’écrivain sénégalais. Quel délit ! L’investissement de la mise en abyme dans le roman tend à atténuer les dissensions que génère une représentation occidentale de l’Autre culturel. À travers le sabotage des chaines traditionnelles du roman, elle nie non seulement la représentativité et le mimétisme du récit, mais surtout l’impérialisme autoproclamé d’une vision aussi fausse qu’illégitime. Ainsi, autorise-elle, à travers le réseau textuel qu’elle échafaude, des rencontres interculturelles sans conflits.
Mots-clés : Histoire du rapport de l’autre, représentation sociale, Préjugés, races monstrueuses, racisme |
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ISSN: | 2706-6312 2708-0633 |