Epicharis dans le De mulieribus claris (1375) de Boccace : paradigme de vertu humaniste ?

Cet article se propose d’étudier les implications littéraires, philosophiques et morales du personnage d’Epicharis au chapitre quatre-vingt-treize du De mulieribus claris. Nous tentons d’abord de montrer que par rapport à son modèle Tacite, Boccace amplifie l’ambivalence sexuelle, psychologiqu...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Jordi Pia-Comella
Format: Article
Language:deu
Published: Université de Lille 2021-01-01
Series:Eugesta
Online Access:http://www.peren-revues.fr/eugesta/index.php?id=148
Description
Summary:Cet article se propose d’étudier les implications littéraires, philosophiques et morales du personnage d’Epicharis au chapitre quatre-vingt-treize du De mulieribus claris. Nous tentons d’abord de montrer que par rapport à son modèle Tacite, Boccace amplifie l’ambivalence sexuelle, psychologique et morale d’Epicharis afin de susciter chez ses lectrices et lecteurs la stupéfaction. Par là, l’auteur cherche à susciter chez ses lectrices et lecteurs un véritable plaisir esthétique. Nous tentons ensuite de comprendre les raisons philosophiques et morales de cette perplexité. Le modèle paradoxal d’Epicharis doit conduire ses lecteurs à revoir la conception traditionnelle de la femme, mais aussi à sonder les mystères de la nature, qui place des vertus viriles dans des corps féminins et (prétendument) imparfaits. Enfin, le personnage d’Epicharis présente la particularité de susciter, dans un retournement des valeurs masculines et féminines saisissant, la stupéfaction et la honte. Elle seule incarne les vertus viriles de constance et de loyauté tandis que les conjurés romains, des hommes faisant partie de l’élite, ne se caractérisent que par leur pusillanimité. À travers cet exemple subversif, Boccace, tel le poisson torpille de Socrate, veut arracher ses lecteurs masculins de leur confort pour les pousser à une conversion morale radicale.
ISSN:2265-8777