L’archéologie coloniale en Corée japonaise : institutions, terrains et enjeux, 1905-1937

À la fin de l’ordre colonial qui avait été construit entre le dernier tiers du xixe siècle et la Première guerre mondiale, L’Encyclopédie de la Pléiade (Histoire de l’Art, vol. 1, 1961, notice par Jean Buhot, p. 1442) expliquait comme suit à propos des royaumes antiques de la péninsule coréenne : « ...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Arnaud Nanta
Format: Article
Language:fra
Published: Editions de la Maison des Sciences de l'Homme 2011-12-01
Series:Les Nouvelles de l’Archéologie
Online Access:http://journals.openedition.org/nda/1181
Description
Summary:À la fin de l’ordre colonial qui avait été construit entre le dernier tiers du xixe siècle et la Première guerre mondiale, L’Encyclopédie de la Pléiade (Histoire de l’Art, vol. 1, 1961, notice par Jean Buhot, p. 1442) expliquait comme suit à propos des royaumes antiques de la péninsule coréenne : « Notre connaissance de cet art [ancien de la Corée] repose presque entièrement sur les travaux des savants japonais. Depuis 1909 environ, et surtout entre les deux guerres mondiales, ils ont pratiqué des fouilles scientifiques et étudiés les monuments anciens ; leurs travaux très détaillés remplissent les grands albums de la série Chôsen koseki zufu et quantité d’autres publications […] » La Corée de la dynastie Choseon (1392-1897), dont la configuration historique est similaire de celle des États de la péninsule indochinoise et notamment du Viêt-Nam, fut l'enjeu de luttes entre la Russie, le Japon et la Chine après 1876, puis fut colonisée par le Japon entre 1905 et 1945 — moment où l’empire colonial fut démonté par les vainqueurs de la Seconde guerre mondiale. L’histoire antique de la péninsule coréenne fut l’objet d’un grand intérêt au Japon dès le xixe siècle, en suivant l’idée assez générale que la Corée et le Japon avaient été unis par fait de conquête durant la Protohistoire ou aux débuts de l’Antiquité. Tout comme la France « se souvenait » de l’Empire romain, méditerranéen, en « retournant » au Maghreb, cet intérêt et cet imaginaire portés par Japon pour les royaumes protohistoriques de la péninsule et pour son histoire antique, entre le ier et le xe siècle de notre ère — au détriment des périodes ultérieures —, allaient profondément marquer la recherche archéologique et historico-philologique (poids des textes anciens) qui allait se développer après la mise en place du protectorat en 1905, puis dans des institutions spécialisées après 1915, autour du Muséum du Gouvernement général et de la Commission d’enquête et de préservation des sites anciens de Corée. Cet article se propose de dresser un bref panorama de l’archéologie coloniale en Corée japonaise en trois temps, en suivant ses temporalités et en présentant ses acteurs et institutions. Nous essayerons également d’en déterminer les enjeux ou effets, en prenant en compte les autres empires coloniaux d'alors. On se penchera d’abord sur les enquêtes extensives menées après 1905 par l’Université impériale de Tôkyô. Puis, ensuite, sur la mise en place des institutions de recherche durant la décennie 1915-1924, c’est-à-dire sur l’institutionnalisation des savoirs coloniaux dans la péninsule. Enfin, dans un dernier temps, on présentera quelques résultats de cette recherche autour de 1930-1935.
ISSN:0242-7702
2425-1941