Summary: | Chantemerle-les-Blés se trouve dans la partie septentrionale de la Drôme où, des parlers occitans nord provençaux, on passe aux parlers francoprovençaux.
L’emploi irrégulier du pronom personnel sujet est probablement le trait le plus explicite pour mettre en évidence la situation de Chantemerle-les-Blés dans une zone de transition. L’étude de ce pronom à partir de l’œuvre en prose d’Eloi Abert (1849-1914), écrite dans le parler de Chantemerle-les-Blés, peut apporter une contribution intéressante aux diverses études déjà effectuées sur la forme et l’emploi de ce pronom.
Cette irrégularité est-elle systématique ou est-elle le fait de la versatilité d'Eloi Abert ?
Après une présentation des formes relevées dans le corpus retenu, des pistes d’explication seront proposées et comparées à celles données par Jean-Claude Bouvier auteur des Parlers provençaux de la Drôme.
Dans le parler de Chantemerle-les-Blés, le pronom conjoint peut être absent, comme dans les parlers occitans. Mais l’on peut dire aussi que le pronom conjoint est présent, et cela s’applique à toutes les personnes, comme dans les parlers francoprovençaux ou d’oïl. La langue utilisée par Eloi Abert est un occitan influencé par les parlers du Nord et du Sud. En effet, dans les parlers francoprovençaux voisins, l’emploi et la forme du pronom sujet est fluctuant, comme à Chantemerle-les-Blés, et ce n’est qu’en français que l’emploi du pronom est obligatoire. Comme les parlers francoprovençaux, les parlers nord-occitans, de la vallée du Rhône, sont influencés par le français. Par ailleurs, une évolution syntaxique a eu lieu, entre le parler écrit par Eloi Abert et celui décrit par Jean-Claude Bouvier ; il ne s’agit pas réellement d’une simplification mais plutôt d’une systématisation de l’emploi du pronom sujet. L’emploi de ce pronom à Chantemerle-les-Blés montre la variation par rapport à une norme et ne semble pas pouvoir être retenu comme trait distinctif pour déterminer la famille linguistique à laquelle se rattache le parler étudié.
Cette étude corrobore ce qu'affirme Jean-Claude Bouvier : « la frontière linguistique traditionnelle entre langue d’oc et langue d’oïl ou francoprovençal et la limite d’emploi des formes conjointes du pronom personnel sujet ne coïncident que rarement ».
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