Vers un alpinisme expérimental ?

En 2011 et 2012, deux alpinistes ont fait le projet de parcourir les frontières politiques d’un pays alpin, sans avoir particulièrement connaissance du fait que ces initiatives se trouveraient liées par la coïncidence des calendriers. John Harlin et Lionel Daudet ont dit vouloir utiliser la ligne im...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Anne-Laure Amilhat Szary
Format: Article
Language:English
Published: Institut de Géographie Alpine
Series:Revue de Géographie Alpine
Subjects:
Online Access:https://journals.openedition.org/rga/2125
Description
Summary:En 2011 et 2012, deux alpinistes ont fait le projet de parcourir les frontières politiques d’un pays alpin, sans avoir particulièrement connaissance du fait que ces initiatives se trouveraient liées par la coïncidence des calendriers. John Harlin et Lionel Daudet ont dit vouloir utiliser la ligne imaginaire posée par le pouvoir sur la carte et le territoire comme support pour une aventure inédite. Il s’agissait bel et bien de suivre sur tout son tracé une figure linéaire dont l’abstraction n’est généralement éprouvée qu’au moment où on la traverse. La contrainte qu’ils s’imposaient ainsi allait constituer le support d’une pratique renouvelée de l’alpinisme, du fait des terrains montagneux complexes suivis par la frontière en Suisse et en France, mais aussi à des pratiques de pleine nature diversifiées : nous proposons de la qualifier d’ « alpinisme expérimental ». Ces projets marquent sans doute un tournant dans la pratique des sports de montagne où la figure des « tours » est en train de gagner ses marques de noblesse au côté des plus traditionnelles ascensions ou traversés. Mais en mettant leur corps à l’épreuve de la frontière, ces deux hommes ont montré comment l’idée de frontière « mobile » pouvait s’illustrer par un agencement constamment renégocié des spatialités engendrées par la présence d’une limite. Tout en nous proposant d’aller plus loin dans une analyse des processus corporels et affectifs qui font la complexité de notre rapport à l’espace, ils nous engagent également à ne pas faire du corps la dernière « frontière naturelle ».
ISSN:0035-1121
1760-7426