Les Fous, les idiots, et les gens de basse condition chez Guillaume Bouchet, lecteur de Huarte
Depuis les thèses renommées de Michel Foucault dans les années 1960, la folie et ses représentations font bruit . De nos jours, les autorités intellectuelles et médicales se méfieraient des propos facétieux – si chers aux humanistes de la Renaissance – autour du lieu commun célèbre, stultorum numeru...
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Format: | Journal article |
Published: |
Librairie Droz
2018
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author | Patterson, J |
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description | Depuis les thèses renommées de Michel Foucault dans les années 1960, la folie et ses représentations font bruit . De nos jours, les autorités intellectuelles et médicales se méfieraient des propos facétieux – si chers aux humanistes de la Renaissance – autour du lieu commun célèbre, stultorum numerus est infinitus. Il ne s’agit plus alors des éloges érasmiens de la folie, ni des nefs de fous à la Sébastien Brant. Là où nos pères se prononçaient d’une manière exubérante sur une gamme de fous, d’idiots et de simples, nous hésitons à les nommer et préférons parler en termes plus neutres : « handicaps intellectuels » (ou « intellectual disabilities » en pays anglophones). Malgré tous nos progrès scientifiques, nous avons toutefois beaucoup de mal à déterminer si un handicap intellectuel relève d’une maladie ou plutôt des problèmes de socialisation et plus largement de perception culturelle. Ces difficultés n’ont rien de nouveau. Dès l’Antiquité, les plus grands philosophes, légistes et médecins ont peiné à différencier (sans reproduire au moins partiellement les attitudes préjudiciables de leur époque) les aptitudes des valeurs socio-culturelles. On connaît de mieux en mieux les efforts des savants du passé pour définir la capacité intellectuelle et son contraire : à la Renaissance, on le sait bien, de grandes avancées ont été effectuées par le médecin espagnol, Juan Huarte de San Huan (1529-1589) . Philosophe naturel de petite ville, ensuite auteur du célèbre Examen de ingenios para las ciencias (1575) qui lui valut une réputation dans l’Europe entière, Huarte a étudié les différences d’esprit à partir des « qualités premières » galéniques (froid, chaud, sec, humide), d’où il s’est tâché d’identifier quel tempérament particulier conviendrait à quelle vocation civile . |
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spelling | oxford-uuid:3c39cf07-e593-4f69-8f37-eac81b33cc272022-03-26T14:12:25ZLes Fous, les idiots, et les gens de basse condition chez Guillaume Bouchet, lecteur de HuarteJournal articlehttp://purl.org/coar/resource_type/c_dcae04bcuuid:3c39cf07-e593-4f69-8f37-eac81b33cc27Symplectic Elements at OxfordLibrairie Droz2018Patterson, JDepuis les thèses renommées de Michel Foucault dans les années 1960, la folie et ses représentations font bruit . De nos jours, les autorités intellectuelles et médicales se méfieraient des propos facétieux – si chers aux humanistes de la Renaissance – autour du lieu commun célèbre, stultorum numerus est infinitus. Il ne s’agit plus alors des éloges érasmiens de la folie, ni des nefs de fous à la Sébastien Brant. Là où nos pères se prononçaient d’une manière exubérante sur une gamme de fous, d’idiots et de simples, nous hésitons à les nommer et préférons parler en termes plus neutres : « handicaps intellectuels » (ou « intellectual disabilities » en pays anglophones). Malgré tous nos progrès scientifiques, nous avons toutefois beaucoup de mal à déterminer si un handicap intellectuel relève d’une maladie ou plutôt des problèmes de socialisation et plus largement de perception culturelle. Ces difficultés n’ont rien de nouveau. Dès l’Antiquité, les plus grands philosophes, légistes et médecins ont peiné à différencier (sans reproduire au moins partiellement les attitudes préjudiciables de leur époque) les aptitudes des valeurs socio-culturelles. On connaît de mieux en mieux les efforts des savants du passé pour définir la capacité intellectuelle et son contraire : à la Renaissance, on le sait bien, de grandes avancées ont été effectuées par le médecin espagnol, Juan Huarte de San Huan (1529-1589) . Philosophe naturel de petite ville, ensuite auteur du célèbre Examen de ingenios para las ciencias (1575) qui lui valut une réputation dans l’Europe entière, Huarte a étudié les différences d’esprit à partir des « qualités premières » galéniques (froid, chaud, sec, humide), d’où il s’est tâché d’identifier quel tempérament particulier conviendrait à quelle vocation civile . |
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