Le cinéma d’Afrique noire contemporaine: une impossible décolonisation?
<p>À travers des documentaires, des fictions et des publicités, le cinéma colonial a porté un regard stéréotypé et superstitieux sur le continent noir. Cette réalité historique découle de la volonté politico-économique de justifier la nécessité de la présence coloniale en Afrique, à travers la...
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Format: | Journal article |
Language: | French |
Published: |
Vestiges: Traces of Record
2024
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author | Fouhba, H |
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description | <p>À travers des documentaires, des fictions et des publicités, le cinéma colonial a porté un regard stéréotypé et superstitieux sur le continent noir. Cette réalité historique découle de la volonté politico-économique de justifier la nécessité de la présence coloniale en Afrique, à travers la fameuse «mission civilisatrice». L’avènement des indépendances crée alors une rupture, avec la naissance du « cinéma africain », porté par des pionniers comme Paulin Soumanou Vieyra et Sembène Ousmane. Ces derniers ont milité pour que les cinéastes africains s’approprient leur cinéma, dans l’optique de restaurer la vérité sur les réalités socioculturelles, politiques et économiques du continent noir, longtemps falsifiée par la caméra coloniale. Le présent article, qui a le mérite de poser la focale sur la décolonisation de l’Afrique du point de vue cinématographique - question très peu étudiée –, démontre comment les nobles ambitions des pionniers du cinéma africain sont foulées aux pieds par des cinéastes d’Afrique noire contemporaine. Afin de capter des financements auprès des bailleurs de fonds et autres mécènes culturels, ces cinéastes contemporains réalisent des films qui présentent l’Afrique comme ce continent n’ayant véritablement pas évolué du point de vue anthropologique. Une Afrique mue par la « primitivité » au 21e siècle, et dans laquelle sorcellerie, mariages précoces, excision, sous-scolarisation des jeunes, non-scolarisation de la femme, délinquances juvéniles, défauts des états civils (actes de mariage, de naissance et de décès), maladies hydriques et l’insalubrité… constituent le lot quotidien des populations.</p> <br> <p>Abstract: Through documentaries, fictions and advertisements, colonial cinema took a stereotypical and superstitious look at the black continent. This historical reality stems from the politico-economic will to justify the necessity of the colonial presence in Africa, through the famous “civilizing mission”). The advent of independence then created a break, with the birth of “African cinema”, carried by pioneers like Paulin Soumanou Vieyra and Sembène Ousmane. The latter campaigned for African filmmakers to appropriate their cinema, with a view to restoring the truth about the sociocultural, political and economic realities of the black continent, long falsified by the colonial camera. Vieyra and Sembène wanted to contribute to the birth and promotion of a decolonized African cinema, in which the virtues and cultural riches of Africa are extolled. This article, which has the merit of focusing on the question of the decolonization of Africa from the cinematographic point of view, very little studied, demonstrates that the noble ambitions of the founders of African cinema are trampled under the feet of nowadays by African filmmakers. The latter, in order to capture funding from donors and other cultural patrons, produce films that present Africa as a continent that has not really evolved from an anthropological point of view. An Africa driven by "primitivity" in the 21st century, and in which witchcraft, early marriages, excision, under-schooling of young people, non-schooling of women, juvenile delinquency, absent civil documentation (marriage and birth certificates) , water-borne diseases and insalubrity… constitute the daily lot of the populations.</p> |
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